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Les Tyrans de ce monde / Depuis Mai 2006

Les champs de bataille en Islam (2)

18 Avril 2017 , Rédigé par Ribaat Publié dans #ETUDES & ANALYSES

Au nom de Allah le Tout Miséricordieux le Très Miséricordieux

Les champs de bataille en Islam (2)

Mise à jour Avril 2017

 

1) LA BATAILLE DE BADR

Extrait du Magazine Labbayk Yâ Oummati n°2, du Forum Ansar Al Haqq, Janvier 2009.

La bataille de Badr

La bataille de Badr, du nom d’une vallée située entre La Mecque et Médine, est la première bataille décisive de l’Islam, et marque le début des confrontations armées entre les Musulmans et les polythéistes mecquois. Cette bataille se déroula le vendredi 17 Ramadân de l’an 2 de l’Hégire (Mars 624 de l’ère chrétienne).

 

La caravane de Syrie

Au mois de Ramadân de l’an 2 de l’Hégire, le Messager d’Allah (paix et bénédiction de Allah sur lui) apprit qu’une grande caravane marchande qurayshite rentrait de Syrie à La Mecque, qu’elle était dirigée par Abû Sufyân, et qu’elle n’était escortée que par une quarantaine de cavaliers. Cette caravane avait en partie été financée par les biens que les polythéistes mecquois avaient spoliés aux Musulmans pendant et après les persécutions qu’ils leur firent endurer. Contraints de quitter La Mecque pour trouver une terre d’accueil moins hostile, les Musulmans avaient abandonné tous leurs biens dans le seul but de sauver leur foi. Ces biens avaient entièrement été saisis par les païens. Partant de ce constat, le Prophète demanda des volontaires pour aller intercepter cette caravane et récupérer ainsi une partie de leurs biens.

La valeur de la caravane s’élevait à quelque cinquante mille dinars en pièces d’or et comptait mille dromadaires. Trois cents et quelques hommes partirent en toute hâte avec lui : quatre-vingt-six Muhâjirûn — Musulmans mecquois émigrés à Médine —, et le reste de Ansâr — Musulmans médinois —, dont soixante-et-un de la tribu des Aws et cent soixante-dix de la tribu des Khazraj. La petite troupe ne comptait que deux chevaux et soixante-dix dromadaires, deux ou trois hommes se relayant sur chaque monture. Le Prophète demanda au malvoyant Ibn Umm Maktûm d’assurer l’intérim au poste de dirigeant de Médine et d’imam à la mosquée en son absence.

Lorsqu’il arriva au lieu-dit Ar-Rawhâ’, il confia à Mus`ab Ibn `Umayr l’étendard de l’armée musulmane, à `Alî Ibn Abî Tâlib la bannière des Muhâjirûn et à Sa`d Ibn Mu`âdh celle des Ansâr. Puis il envoya Basbas Ibn `Amr Al-Juhanî et `Adiyy Ibn Abî Az-Zaghbâ’ en tant qu’éclaireurs pour récolter des informations de la caravane, alors qu’elle approchait de la localité de Badr.

Abû Sufyân donne l’alerte

Entretemps, Abû Sufyân apprit que le Prophète était sorti à la tête d’une armée et qu’il marchait sur la caravane qu’il avait la responsabilité de ramener jusqu’à La Mecque. Il envoya donc Damdam Ibn `Amr Al-Ghifârî à La Mecque donner l’alerte aux Qurayshites, afin qu’ils accourent défendre leurs biens. Rapidement, les polythéistes levèrent une armée dans laquelle tous les clans qurayshites étaient représentés, à l’exception des Banû `Adiyy.

Le dévouement des Compagnons

Lorsque le Messager d’Allah (paix et bénédiction de Allah sur lui) apprit la nouvelle, il demanda conseil à ses Compagnons sur la décision à prendre face à la tournure que prenaient les événements. Ils étaient en effet sortis intercepter une caravane marchande, et voici qu’ils auraient probablement à faire face à l’armée la plus puissante d’Arabie. Certains Compagnons étaient d’avis de ne pas combattre, le déséquilibre des forces étant trop manifeste, l’armée musulmane n’étant pas suffisamment préparée pour tenir tête à Quraysh. L’un d’eux dit notamment : « Ô Messager d’Allah, c’est Quraysh la perfide ! Par Allah, elle n’a jamais été vaincue depuis qu’elle est une puissance ; et elle n’a jamais cru en Allah depuis qu’elle L’a renié. Par Allah, pour rien au monde, elle n’abandonnera sa puissance. Elle te combattra. Prépare-toi donc soigneusement et prends toutes les dispositions qui s’imposent. »

Pour leur part, les Muhâjirûn déclarèrent qu’ils étaient avec lui quoiqu’il arrive. Mais le Prophète attendait surtout la réaction des Ansâr qui l’avaient accueilli dans leur cité et qui avaient prêté serment de le défendre envers et contre tout s’il était attaqué. Sa`d Ibn Mu`âdh prit alors la parole et dit : « Ô Messager de Allah ! Tu penses peut-être que les Ansâr considèrent qu’ils ne doivent te porter secours que sur leurs terres. Au nom des Ansâr, je te dis d’aller où tu veux, de t’allier à qui tu veux, de rompre les liens de qui tu veux, de prendre de nos biens ce que tu veux et de nous laisser ce que tu veux. Ce que tu nous prendras aura plus de valeur à nos yeux que ce que tu nous laisseras. Quoique tu ordonnes, nous le ferons. Par Allah, dusses-tu aller jusqu’à Birk [1], nous te suivrons ; dusses-tu traverser cette mer [2], nous la traverserons avec toi. »

Al-Miqdâd déclara quant à lui : « Nous ne te dirons pas ce qu’a dit le peuple de Moïse à Moïse : "Va donc, toi et ton Seigneur, et combattez tous deux. Nous restons là où nous sommes" [3]. Nous, nous combattrons à ta droite et à ta gauche, devant toi et derrière toi. »

Après avoir entendu ces déclarations de dévouement, le Messager de Allah donna l’ordre d’aller jusqu’aux puits de Badr.

La défection des Banû Zuhrah

Pendant ce temps, Abû Sufyân manœuvrait la caravane pour échapper à l’armée du Prophète. Pour ce faire, il emprunta une route longeant la côte de la Mer Rouge. Voyant qu’il était désormais hors de danger, il écrivit à Quraysh qu’ils pouvaient rentrer à La Mecque et que la raison pour laquelle ils avaient levé une armée n’avait plus lieu d’être. La lettre parvint aux polythéistes alors qu’ils étaient à Juhfah.

Alors qu’ils se préparaient à faire demi-tour, Abû Jahl, le chef des Banû Makhzûm, déclara : « Par Allah, nous ne rentrerons pas avant d’avoir été jusqu’à Badr. Nous y camperons, et nous offrirons l’hospitalité aux Arabes qui viendront chez nous. Ainsi, les Arabes nous craindront à l’avenir. » Al-Akhnas Ibn Shurayq, chef des Banû Zuhrah, était quant à lui d’avis qu’il valait mieux rentrer. Peu écouté, il rentra seul avec les hommes de son clan, abandonnant l’armée qurayshite. Au vu des événements ultérieurs, cette décision d’Al-Akhnas lui valut un grand prestige auprès des siens. Le clan du Prophète, les Banû Hâshim, voulut également rentrer mais Abû Jahl pesa de tout le poids que lui conférait son statut de chef pour les en dissuader.

Le champ de bataille

Lorsque l’armée musulmane atteignit le premier puits de Badr, le Prophète demanda : « Où allons-nous camper ? », ce à quoi Al-Hubâb Ibn Al-Mundhir répondit : « Ô Messager de Allah ! Je connais cet endroit ainsi que ses puits. Si tu veux, nous pourrions nous rendre à un puits que nous connaissons, à l’eau abondante et douce. Nous y précéderons ainsi nos ennemis et nous boucherons les autres puits. »

Les polythéistes se dépêchaient en effet pour pouvoir se ravitailler en eau. Le Prophète envoya donc `Alî, Sa`d et Az-Zubayr à Badr pour guetter les mouvements ennemis. Lorsqu’ils revinrent dans l’armée, ils ramenèrent avec eux deux esclaves de Quraysh qu’ils avaient arrêtés durant leur mission. Interrogés par les Compagnons du Prophète, ils affirmèrent être en charge du ravitaillement en eau de l’armée mecquoise. Le Prophète leur demanda : « Dites-moi où est Quraysh. » — Derrière cette dune, répondirent-ils. — Combien sont-ils ? — Nous l’ignorons. — Combien égorgent-ils de dromadaires chaque jour ? — Neuf ou dix, c’est selon. — Ils sont donc entre neuf cents et mille hommes, conclut le Messager d’Allah. Ce soir-là, il plut une averse. Du côté des polythéistes, ce fut un déluge qui les empêcha d’avancer, tandis que du côté des Musulmans, ce fut une pluie fine qui les purifia et les lava de toute souillure, qui aplanit le terrain et le raffermit sous leurs pas. Le Messager d’Allah et ses Compagnons arrivèrent au puits indiqué par Al-Hubâb au milieu de la nuit. Ils y installèrent leur campement et bouchèrent les autres puits de Badr. Le Prophète (paix et bénédiction de Allah sur lui) eut droit à une tente située au sommet d’une colline surplombant le champ de bataille, depuis laquelle il pourrait superviser les opérations.

Au petit matin, lorsque l’armée mecquoise apparut et que les deux armées furent en vue, le Prophète invoqua Allah : « Seigneur, voici Quraysh ! Ils sont venus pétris d’arrogance et d’orgueil. Ils sont venus Te narguer et traiter Ton Messager d’imposteur. Seigneur, j’implore Ton Alliance et Ta Promesse. » Abû Bakr As-Siddîq s’approcha de lui et dit : « Ô Messager d’Allah, rassure-toi ! Par Celui Qui détient mon âme dans Sa Main, Allah accomplira la Promesse qu’Il t’a faite. »

Les Anges viennent soutenir les Musulmans

À l’instar de leur Prophète, les croyants implorèrent le Secours divin. Allah révéla alors aux Anges : « Je suis avec vous : soutenez donc les croyants. Je vais jeter l’effroi dans les coeurs des mécréants. » [4]. Puis Il révéla à Son Messager que mille Anges descendraient en renforts pour combattre à ses côtés. Rassuré, le Prophète passa la nuit à prier et à invoquer son Seigneur sous le tronc d’un arbre. C’était la nuit du vendredi 17 Ramadân de l’an 2 de l’Hégire. Au petit matin, les deux armées se mirent en rang et se faisaient face.

Les duels

`Utbah Ibn Rabî`ah, un chef de clan qurayshite, son frère Shaybah Ibn Rabî`ah et son fils Al-Walîd Ibn `Utbah sortirent des rangs de l’armée mecquoise et demandèrent un duel contre trois Musulmans. La pratique du duel qui précédait l’affrontement général était en effet une coutume chez les guerriers arabes. Des rangs de l’armée musulmane, sortirent trois Médinois, `Abd Allâh Ibn Rawâhah, `Awf Ibn `Afrâ’ et son frère Mu`awwidh Ibn `Afrâ’. Les trois Mecquois leur demandèrent : « Qui êtes-vous ? — Des Ansâr, répondirent les Médinois. — Vous êtes des gens de valeur et d’honneur, mais nous préférons avoir ce duel avec nos cousins, répondirent les Mecquois. » Sortirent alors trois Mecquois de l’armée musulmane, `Alî Ibn Abî Tâlib, gendre du Prophète, `Ubaydah Ibn Al-Hârith et Hamzah Ibn `Abd Al-

Muttalib, oncle du Prophète.

`Alî vint rapidement à bout de son adversaire direct Al-Walîd, tandis que Hamzah terrassait `Utbah. Quant au troisième duel entre `Ubaydah et Shaybah, il se conclut par une frappe croisée, où les deux combattants se blessèrent mutuellement. Shaybah fut néanmoins tué grâce à l’intervention de Hamzah. Gravement touché, `Ubaydah eut la jambe coupée et il n’allait pas survivre longtemps.

Après cette entrée en matière sanglante, la bataille fit rage. Les épées s’entrechoquaient et les corps tombaient, tandis que le Prophète, à la tête de son armée, continuait à prier et à invoquer Allah pour qu’Il leur accorde la victoire, jusqu’à ce que sa requête soit enfin exaucée. Les Musulmans venaient de vaincre la première puissance arabe, tuant soixante-dix polythéistes et en capturant autant. Les pertes musulmanes s’élevaient quant à elles à quatorze hommes : six Muhâjirûn, six Khazrajites et deux Awsites. Les principaux chefs qurayshites périrent, avec à leur tête Abû Jahl et Umayyah Ibn Khalaf. Ainsi, la petite troupe croyante de trois cents et quelques hommes, entièrement remise à Allah, avait battu une armée trois fois plus nombreuse, enorgueillie par son nombre et ses moyens matériels.

Épilogue

Lorsque la bataille s’acheva, les corps des polythéistes tués furent enterrés dans une fosse commune. Le Prophète se présenta devant eux et leur parla : « Tribu ingrate envers votre Prophète ! Vous me traitiez d’imposteur alors que d’autres gens croyaient en moi. Vous m’avez abandonné alors que d’autres gens m’ont porté secours. Vous m’avez chassé alors que d’autre gens m’ont accueilli chez eux. Ô `Utbah Ibn Rabî`ah ! Ô Shaybah Ibn Rabî`ah ! Reconnaissez-vous désormais que la Promesse de votre Seigneur est véridique ? Car moi, je reconnais que la Promesse de mon Seigneur est véridique. » `Umar Ibn Al-Khattâb demanda alors au Prophète : « Ô Messager d’Allah, pourquoi parles-tu à des hommes morts ? — Par Celui Qui détient mon âme dans Sa Main, déclara le Prophète, vous ne m’entendez pas mieux qu’eux, bien qu’ils soient incapables de répondre. »

Trois jours plus tard, l’armée musulmane leva le camp et se prépara à rentrer à Médine, couronnée de succès. Sur le chemin du retour, le Prophète partagea le butin entre les soldats et fit exécuter An-Nadr Ibn Al-Hârith et `Uqbah Ibn Abî Mu`ayt qui s’étaient rendus coupables du meurtre et de la persécution de plusieurs Musulmans avant l’Hégire.

Ainsi s’achevait la première et la plus grande bataille de l’histoire de l’Islam. Son importance réside dans le fait qu’elle fut l’expression la plus aboutie du combat éternel que se livrent le bien et le mal : le bien et toutes les valeurs nobles qui s’y rattachent, défendus par le Prophète et ses fidèles croyants contre un mal organisé autour de la vanité, de l’orgueil et de l’égoïsme, défendu par les suppôts de l’idolâtrie et de l’absurdité humaine. Par ailleurs, cette bataille fit prendre conscience à tous, Musulmans et païens, que l’Islam était devenu une force qui compte dans l’Arabie du VIIe siècle.

Note :

[1] Birk est une vallée située à environ 600 km au sud de La Mecque, sur les côtes de la Mer Rouge.

[2] La Mer Rouge.

[3] Sourate 5, Al-Mâ’idah, La Table servie, verset 24.

[4] Sourate 8, Al-Anfâl, Le Butin, verset 12.

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2) LES TRANCHEES A MEDINE

Site Sajidine.

Extrait de l’Histoire Mémorable, de l’un des compagnons du Prophète Mohammed (paix et bénédiction d’Allah sur lui), il y a 14 Siècle.

Salmân Al-Fârisî était très aimé et estimé de l’Envoyé d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) qui le considérait comme un membre à part entière de sa propre famille. Un jour, en effet, alors que les Ansârs et les Muhâjirîn revendiquaient les uns et les autres l’appartenance de Salmân à leur communauté, le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) s’adressa à eux en ces termes : « Salmân fait partie de notre famille. »

Salmân Al-Fârisî était devenu un des compagnons les plus proches du Messager de Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui). Son statut d’étranger et de pauvre l’avait amené à se rapprocher de plus en plus du Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) qu’il quittait rarement. C’est ainsi qu’il faisait partie des gens de la Sufa (ahl as-suffa), ces pauvres parmi les musulmans qui habitaient une aile de la mosquée et passaient leur temps dans l’adoration du Seigneur. Le Messager de Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) pourvoyait aux besoins de ces hommes parmi lesquels se trouvait notre illustre Salmân Al-Fârisî.

Mais celui-ci n’était pas qu’un adorateur tourné vers la méditation, c’était aussi un homme d’action doué de surcroît d'une très grande intelligence en matière de stratégie militaire. Lors de la fameuse bataille des tranchées, il donnera un magistral aperçu de son génie et de sa tactique inconnue jusque-là chez les Arabes.

Ce jour-là, plus de 20.000 infidèles issus des tribus de Quraysh et de Ghatafân, et dirigés par Abû Sufyân et `Uyayna Ibn Hisn, marchèrent sur Médine qu’ils voulurent prendre d’assaut avec la complicité des juifs des Banû Qurayda. Jamais les musulmans ne furent confrontés à un danger d’une si grande ampleur. Ils en furent tellement surpris qu’une grande frayeur s’empara d’eux et ils en arrivèrent à succomber au désespoir. Le Coran nous a dépeint cette scène en ces termes :

« Quand ils vous vinrent d’en haut et d’en bas (de toutes parts), et que les regards étaient troublés et les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur Allah toutes sortes de suppositions. Les croyants furent alors éprouvés et secoués d’une dure secousse. » Coran : Sourate 33 - Versets 10-11

Cette expédition des « coalisés » (Sourate 33 Al-Ahzab contenant 73 versets) comme l’appela le Coran, visait la neutralisation définitive du sanctuaire médinois avant que celui-ci ne se fortifie et ne propage l’islam dans la péninsule arabique. Pour arriver à ce but, les tribus arabes ameutèrent tous ceux qui étaient en mesure de combattre et qui avaient un compte à régler avec cette religion qui venait menacer leurs croyances (l’Idolâtrie) et leurs intérêts. Les juifs des Banû Qurayda établis à Médine participèrent à ce complot en prenant sur eux la tâche perfide d’attaquer les musulmans de l’intérieur. Le Messager Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) rassembla alors ses compagnons et se concerta avec eux sur l’attitude à adopter en ces circonstances exceptionnelles. La décision fut prise à l’unanimité de résister aux coalisés et de soutenir leur siège. Mais comment ? Et avec quels moyens ? La question taraudait l’esprit du Messager de Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) et de ses compagnons. Il est vrai que c’était la première fois que les musulmans se trouvaient confrontés à un siège.

D’habitude, les batailles se déroulaient en plein air avec l’avantage qu’avaient les deux adversaires de se déployer et de se mouvoir comme bon leur semblait :

Là, un seul adversaire pouvait se permettre ce luxe. Quant à l’autre, il n’avait d’autre choix que de se trouver acculé à se défendre. Alors que le Messager de Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) réfléchissait aux moyens à entreprendre pour défendre la ville, un homme à la taille longue et aux cheveux touffus se présenta à lui et lui dit : « Ô Messager d’Allah! La ville est bien protégée sauf certains endroits par où l’ennemi peut s’infiltrer et nous surprendre. Je crois qu’il serait plus prudent que nous creusions des tranchées en ces endroits afin d'empêcher les assaillants d’arriver jusqu’à nous. C’est ainsi qu’on faisait chez nous en Perse. »

Le Messager de Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) approuva cette idée très lumineuse et donna l’ordre de la mettre en œuvre. Aussitôt, les musulmans se mirent à creuser avec un enthousiasme et une volonté extraordinaires. L’homme en question n’était autre que notre compagnon Salmân Al-Fârisî. L’idée qu’il proposa au Prophète d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) était inconnue jusque là chez les Arabes. Elle allait surprendre les coalisés et les désarçonner en les obligeant à abandonner leur funeste projet.

Les compagnons se mirent donc à creuser des tranchées afin de dissuader les ennemis d’attaquer leur ville. Le Messager de Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) lui-même se mit à la tâche. Au cours des travaux, certains compagnons découvrirent une roche épaisse et dure qui les empêchait de creuser davantage. Ils tentèrent de la casser mais sans succès. Celle-ci semblait très solide. Salmân s’en alla voir le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) pour lui demander l’autorisation de contourner cet obstacle un peu plus loin.

L’Envoyé Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) retourna avec son compagnon vers l’endroit indiqué et jeta un coup d’œil sur la roche. Il se fit apporter ensuite une pioche et demanda à ses compagnons de s’éloigner des éventuels éclats qui pouvaient s’en dégager.

Il saisit alors la pioche de ses deux mains bénies, prononça le nom d’Allah et donna un grand coup sur la roche qui se fissura et dégagea des étincelles, ainsi qu’une vive lumière qui se propagea à l’horizon. Salmân témoignera qu’il a vu cette lumière éclairer les extrémités de Médine et le Messager de Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) de s’écrier : « Allah est grand ! On m’a donné Les clefs de la Perse. Je viens de voir les palais de Hirâ et les villes de Chosroês éclairés et ma communauté conquérante. »

Il donna un autre coup de pioche et la roche se fissura davantage. Une autre lumière s’en dégagea et se propagea à l'horizon. Le Messager de Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) s’écria de nouveau : « Allah est grand ! On m’a donné les clefs de l’empire byzantin. Je viens de voir les palais muges éclairés et ma communauté conquérante. »

Au troisième coup, la roche s’effrita et une lumière très vive s’en dégagea, suscitant les cris de louange et de bénédictions des musulmans. Le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) les informa qu’il venait de voir les palais de Damas, de Sanaa et de l'Abyssinie éclairés et sa communauté conquérante. Les musulmans, ajoutera Salmân, crièrent avec une grande ferveur : « Voilà ce que nous a promis Allah ainsi que Son Messager. Allah et Son Messager tiennent parole. »

Notre compagnon Salmân vivra longtemps. Il verra l’Islam conquérir l’empire perse, les possessions byzantines en Égypte et en Syrie et porter l’étendard du Tawhîd (l’Unicité Divine) dans toutes les contrées du monde. Mieux encore, il sera lui-même le gouverneur d’Al-Madyan, une ville de l’empire perse.

Mais n’anticipons pas les choses et restons encore à Médine où les musulmans venaient de terminer de creuser les tranchées. En arrivant devant la ville qu’ils voulaient prendre d’assaut, les coalisés restèrent figés en voyant ce moyen de défense inconnu jusque-là parmi les Arabes.

Ils avaient beau essayé de trouver une faille dans le système de défense de la ville, mais en vain, d’autant plus que les juifs des Banû Qurayda, sur lesquels ils comptaient pour les aider de l’intérieur, avaient fini par se désister.

Alors, en désespoir de cause, après un mois de siège, et une nuit de violente tempête qui souleva leurs tentes et dispersa leurs hommes et leurs montures, Abû Sufyân et `Uyayna Ibn Hisn, les deux chefs de l’expédition, décidèrent de lever le siège et de retourner à la Mecque, le profil bas et l’arrogance écorchée.

Source : http://www.sajidine.com/vies/compagnons/salman_al_farisi.htm

3) QUELQUES CONQUÊTES MARQUANTES DE L’HISTOIRE DE L’ISLAM

Extrait du Magazine Labbayk Yâ Oummati n°2, du Forum Ansar Al Haqq, Janvier 2009.

Voici une liste non-exhaustive de certaines conquêtes marquantes dans l'histoire de l'Islam, dans la mesure où elles ont permis aux musulmans d'étendre progressivement leur influence et leur champ d'action. (D'abord, l'année du calendrier de la Hijrah -Hijri- (Hégire), puis l'année du calendrier chrétien -Miladi-):

8H / 630M : La Conquête de La Mecque (Makkah, en Arabie) : En réponse à la trahison des Quraysh du pacte d'armistice, le Prophète Mohammed (paix et bénédiction de Allah sur lui) envoie une armée de 10000 hommes en direction de La Mecque. Les chefs de la Mecque, craignant la puissance des Musulmans, se rendent sans que la bataille ait lieu. Le

Prophète laisse les Quraysh en paix, fait le tawaf autour de la Ka'bah, et démolit toutes les idoles qui s'y trouvent.

19H / 640M : La Conquête de Césarée (Qissariyah, en Palestine) : Les musulmans, dirigés par Mou'awiyah Ibn Abi Soufiyan, conquièrent Césarée après l'avoir assiégée pendant 6 mois.

21H / 641M : La Conquête d'Alexandrie (Al Askandriyah, Egypte) : Le Traité de Babylone stipulant que la ville d'Alexandrie doit revenir aux Musulmans, Les Byzantins quittent la ville et laissent l'intégralité de l'Egypte aux Musulmans.

23H / 644M : La Conquête de la Lybie (Libiya, Afrique du Nord) : Les Musulmans, sous l'ordre de 'Amr Ibn Al 'Ass, conquièrent les villes côtières de la Lybie, notamment Barqah et Tripoli ; 'Amr Ibn Al 'Ass envoie ensuite 'Uqbah Ibn Nafi' pour conquérir les villes du sud.

29H / 649M : La Conquête de Khurasan (Iran/Afghanistan) : Les Musulmans, dirigés par Al Ahnaf Ibn Qayss, conquièrent Khurasan après avoir vaincu les Perses. Leur Roi, Yazdigird III, capitule.

50H / 670M : La Conquête de la Tunisie (anciennement appelée Ifriqiyah) : Après plusieurs offensives couronnées de succès au Soudan, 'Uqbah Ibn Nafi' entre en Ifriqiyah avec une armée de 10000 hommes. Il s'arrête à la vallée de Al Qayrouwan (Kairouan), et il y fonde la ville du même nom.

54H / 673M : La Conquête de la Transoxiane (Région d'Asie Centrale, située au delà du fleuve Oxus –aujourd'hui Amou Daria-, et s'étendant entre ce fleuve et le fleuve Iaxarte – Syr Daria. Cette région correspond notamment à L'Ouzbékistan et au Turkménistan) : 'Ubayd Allah Ibn Ziyad, Gouverneur d'Iraq, traverse la rivière Oxus et conquiert des villes de la région de Bukhara (Ouzbékistan). L'intégralité de la Transoxiane est conquise en 87H par Qutaybah Ibn Muslim, sous le règne du Calife Al Walid Ibn 'Abd Al Malik, et elles s'étendent au Nord-Est, jusqu'en Azerbaïdjan. Ces conquêtes permettent d'étendre considérablement l'Islam et la culture arabe, et d'établir des routes commerciales avec la Chine.

58H / 678M : La Conquête de l'Algérie (Al Jaza-ir, Afrique du Nord) : Le Gouverneur de Ifriqiyah, Abu Al Muhajir Dinar, combat la tribu berbère de Urbah, dirigée par Kussaylah, qui a été incité par les Byzantins à stopper les conquêtes musulmanes en Afrique. Mais Kussaylah fini par se rendre pacifiquement, et se convertit à l'Islam. Cela permet à Abu Al Muhajir de progresser jusqu'à Tlemcen, et de détruire l'alliance entre les Berbères et les Byzantins.

89H / 708M : La Conquête du Sind (Région comprenant la basse vallée de l'Indus, et une partie du désert du Thar, dans le Sud du Pakistan) : Al Hajjaj, Gouverneur de l'Iraq, envoie une armée dirigée par Muhammad Ibn Al Qassim Ath-Thaqafi afin de conquérir le Sind. Cette armée traverse la ville de Makran (Province du Balouchistan, au Pakistan), combat Dahir, le Roi de Sind, envahit la vallée de l'Indus, et conquiert le Sind.

89H / 709M : La Conquête de Bukhara (Ouzbékistan) : Bukhara, Khwarazm, Sijistan, Samarqand et d'autres villes de Transoxiane sont conquises par Qutaybah Ibn Muslim, Gouverneur de Khurasan. Il gagne les batailles les unes après les autres, jusqu'à ce que la région entière soit une terre d'Islam, puis il progresse vers l'Est jusqu'à atteindre les frontières chinoises.

93H / 712M : La Conquête de Samarqand (Ouzbékistan) : La ville de Samarqand est annexée par Qutaybah Bin Muslim, après la défaite du Roi de cette cité.

104H / 723M : La Conquête de Césarée (Qissariyah, en Palestine) : Cette ville a été reprise aux Byzantins par 'Uthman Ibn Hayyan Al Mourri, durant le Califat de Yazid Ibn 'Abd Al Malik.

193H / 809M : La Conquête de Rhodes (Roudis, en Grèce) : Après avoir violé un traité de paix qu'ils avaient conclu avec les Musulmans, les habitants de Chypre se font envahir par ces derniers. En effet, Humayd Ibn Ma'yuf Al Hamdani, commandant de la flotte musulmane dans la Méditerranée, entreprend des offensives victorieuses sur l'île de Chypre, celle de Crête, et sur Rhodes en 193H.

583H / 1187M : La Conquête de Jérusalem (Bayt Al Maqdiss, en Palestine) : Peu de temps après sa victoire à Hattin (Palestine), Salah Ad-Dine Al Ayyoubi conquiert Jérusalem après un siège de 5 jours. Il expulse les croisés hors de la ville, et y entre sans effusion de sang, contrairement aux Croisés au temps où ils avaient pris Jérusalem aux Musulmans.

857H / 1453M : La Conquête de Constantinople (Al Qoustantiniyah, en Turquie) : le 29 Mai 1453 de l'ère Chrétienne, la chute de Constantinople est le plus marquant des événements s'étant déroulés sous le règne du Sultan Mehmet II, plus connu sous le nom de "Mehmet Al Fatih" (Mehmet le Conquérant). Tiré de «Al Bidayah wa Annihayah de Ibn Kathir, Tarikh Ibn Khaldoun, Kitab Al 'Ibar de Ibn Khaldoun également, divers ouvrages de l'Imam Souyouti dont Tarikh Al Khoulafa, et recherches encyclopédiques pour situer les régions.»

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